Livre lu pour la sélection de février du Prix des lectrices de Elle, catégorie Roman.
L’action se situe en Algérie avant, pendant et après la décolonisation.
Cinq membres d’une même famille de colons et leur domestique Kabyle parlent chacun leur tour, qu’ils soient vivants, mourants ou morts.
Ils racontent leur Algérie, du passé et du présent. Ils évoquent les mêmes souvenirs et les mêmes événements mais en apportant chacun un éclairage différent : amour ou haine des gens qu’ils côtoient, attachement ou rejet d’une terre qui était « la leur ». Tout tourne autour de la notion d’appartenance, mais c’est un attachement plein de rancœur.
Il y a la mère, propriétaire du domaine, qui refuse coûte que coûte de quitter les terres de ses ancêtres, le père, archétype du colon, qui veut profiter de son statut, le fils qui rejette son héritage familial au point de s’impliquer dans la cause des indépendantistes algériens, les sœurs, si différentes, qui n’ont pas du tout la même vision du pays dans lequel elles ont grandi et la domestique qui n’a nulle part au monde où vivre que cette terre qui n’a fait que l’exploiter…
C’est vraiment très intéressant car on a une vision très complète et pas manichéenne de cette vie en Algérie à cette période charnière de son histoire. Personne n’a vraiment raison, personne n’a tout à fait tort.
J’ai trouvé ce roman très bien écrit dans un style très particulier que la quatrième de couverture qualifie « d’écriture libre », « de rythme incantatoire ». C’est une écriture qui enchaîne le récit et les pensées des narrateurs entrecoupées de conversations avec leurs propres souvenirs. C’est très riche et pourtant très fluide. On ne s’y perd pas, on se laisse porter par un rythme.