"Je suis interdite" de Anouk Markovits
Le roman commence en 1939 en Translyvanie lorsque deux enfants issus de deux familles juives très religieuses et respectées se retrouvent orphelins après que leurs parents aient été massacrés par les Nazis.
Joseph est envoyé en Amérique pour étudier dans une yechivah–école religieuse juive- et Mila, elle, est recueillie, adoptée comme leur fille par la famille Stern dont le père est un homme très religieux, rabbin très respecté et pilier de la communauté hassidique –une partie extrêmement orthodoxe de la religion juive- qui respecte à la lettre les textes religieux.
Le roman raconte d’abord l’enfance et la vie à Paris de Mila et de sa sœur adoptive Atara, la fille Stern qui commence à émettre des doutes sur la légitimité du mode de vie dans lequel elle évolue, qui remet en questions les vérités assenées par son père et qui a de plus en plus de mal à supporter la place des femmes, notamment vis-à-vis de l’interdiction de faire des études. Elle essaie d’ouvrir les yeux de Mila mais en vain et cette dernière se retrouve fiancée très jeune.
Puis, le roman nous emmène aux Etats-Unis, dans un quartier hassidique où Mila est allée s’installer après s’être mariée avec Joseph, celui qui l’avait sauvée toute jeune. Ils respectent avec ferveur toutes les règles de la religion qui régissent les moindres aspects de leur vie de couple jusque dans leur intimité (notamment les relations sexuelles et les moments où la femme est considérée "impure" et donc "interdite" à son mari et la procréation…)
La religion a un poids énorme et fait souffrir les membres de cette famille dont on suit l’évolution sur plusieurs générations. Des choix –des écarts à la religion- ont des conséquences irrémédiables, digne de la malédiction, pour cette famille.
J’ai beaucoup aimé ce roman, tout d’abord parce qu’il m’a fait découvrir un monde que j’ignorais –les "intégrismes" religieux sont assez effrayants quelque soit la religion. C’est aussi un roman qui pointe du doigt la manière dont sont traitées les femmes –des machines à procréer laissées dans l’obscurité intellectuelle. Et par des personnages féminins qui sortent de ce système ou qui commencent à le questionner, ce roman permet de montrer que l’esprit humain n’est pas forcément entièrement conditionné.
D'ailleurs vous pouvez aller fouiner sur les blogs des copines jurées de ELLE :
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